Méthanisation


Accompagné de mes collègues Bruno DUVERG (député du Pas-de-Calais, rapporteur de la mission d’information sur les freins à la transition énergétique) et Nicolas TURQUOIS(député de la Vienne, porte-parole de la loi EGALIM), je me suis rendu au GAEC des Buissons à Saint-Lambert-la-Potherie, chez Monsieur Anthony MÉNARD, afin de visiter son unité de méthanisation.

D’autres personnes étaient également présentes :
– des élus locaux (Maire de Saint-Lambert-la-Potherie, Conseillers départementaux, Président du Syndicat d’énergie de Maine-et-Loire) ;
– des représentants de la FDSEA, des JA, de l’administration, de GRDF ;
– des agriculteurs.

Le méthaniseur de Monsieur MÉNARD est alimenté par le lisier produit par les vaches laitières du GAEC. Livré en 2013, il représente un investissement de 600 k€ financé, à hauteur de 37%, par des aides publiques (ADEME, conseil régional, conseil départemental). L’unité de méthanisation génère annuellement, par cogénération, 400 000 kWh d’électricité injectée sur le réseau et 250 000 kWh de chaleur valorisés dans des établissements publics communaux, par la salle de traite et pour le chauffage du logement de l’exploitation. L’installation consiste en un petit méthaniseur alimenté avec le lisier de l’exploitation, complété par des matières organiques extérieures dans un objectif d’optimisation du pouvoir méthanogène.

Après une visite de l’unité de méthanisation, un échange entre les participants a permis d’évoquer les atouts de la filière, ses freins et ses leviers. La démonstration a été faite du complément de revenu apporté par la vente des énergies produites. Cette rémunération complémentaire apparaît comme un véritable atout pour une exploitation laitière dont la vente de lit peine à dégager des résultats en rapport avec le travail consenti. À l’échelle des territoires, un développement des unités de méthanisation est une source d’emploi et, indirectement, d’activité économique et de recettes diverses.
La production de biogaz agricole présente également l’avantage de diminuer les importations de gaz et ainsi de réduire le déficit de la balance commerciale de la France, comme sa vulnérabilité au renchérissement des prix des énergies fossiles.

La discussion a également porté sur les freins au développement de la méthanisation :
– Le raccordement au réseau peut s’avérer complexe et coûteux lorsqu’il s’agit d’aller injecter le gaz produit dans le réseau de distribution de gaz local ;
– Une récente évolution réglementaire, fixée par l’INAO, relative aux digestas impacte négativement le développement des méthaniseurs. Les digestas issus d’élevages industriels vont être interdits à l’épandage dans les exploitations « bio ». Ce durcissement de la réglementation freine le regroupement des exploitations dès lors que l’une d’entre est classée « bio » ;
– Le processus d’hygiénisation fait peser un risque sur le modèle économique de la méthanisation, par effet d’augmentation des coûts ;
– La baisse du coût des méthaniseurs ne peut s’envisager uniquement sous l’angle de la diminution des aides publiques. Dans une filière en cours de maturité, l’investissement public apparaît comme l’impulsion nécessaire au déclenchement de projets qui entraînent une réduction des coûts par développement des entreprises du secteur.

La démonstration a été faite des multiples avantages présentés par l’unité de méthanisation visitée. Ce déplacement a confirmé mon opinion de la nécessité de revoir à la hausse les ambitions de la programmation pluriannuelle de l’énergie en matière de production de biogaz.

Article publié le 5 mars 2019