Asile immigration


Pourquoi j’ai voté l’abstention ?

Le Parlement a adopté le projet de loi relatif au contrôle de l’immigration et pour améliorer l’intégration. J’ai fait le choix de voter l’abstention.

Je fais partie de ceux qui considèrent que l’Histoire de France est riche de l’immigration mais que celle-ci doit s’inscrire dans le respect de nos règles républicaines qui supportent notre commun. Nombreux sont ceux parmi vous qui savent que je porte au quotidien l’intégration par le travail, que j’ai défendu à plusieurs reprises auprès de l’administration des dossiers de régularisation de salariés parfaitement intégrés dans leurs entreprises et dont leurs employeurs reconnaissaient leur engagement et professionnalisme. Nombreux sont ceux parmi vous qui savent également que je soutiens la plus grande fermeté à l’égard de la violence et de la fraude, que je soutiens le durcissement de la sanction pour ceux qui contreviennent aux liens qui font la France. C’est le sens de mon engagement dans la réserve citoyenne de la Gendarmerie nationale.

Comme la majorité des français, j’en appelle donc à une intégration des étrangers par le travail et au respect de notre devoir d’asile politique tout en préservant notre faculté effective d’éloignement de ceux qui sortent du cadre de notre contrat social républicain ou se départissent des règles élémentaires de l’accueil.

Ce texte devait porter cette double ambition mais n’en était plus le reflet. Au terme de la motion de rejet et de la Commission mixte paritaire, le texte est devenu un objet politique où des stratégies de court terme ont pris le pas sur des mesures de droit effective et sur l’idée que je me fais de la France. En votant l’abstention, j’ai rappelé mon attachement à un travail parlementaire inscrit dans le calme, le respect mutuel et la concertation ; vertus d’une démocratie mature.

Le Rassemblement National, par opportunisme de dernière minute, revendique un texte qui reprendrait ses valeurs, après s’être opposé aux mesures proposées à chacune des étapes de l’examen du texte. En votant l’abstention, j’ai choisi de ne pas servir de marchepied symbolique à cette récupération dans un contexte où les sondages placent le Rassemblement National comme le favori du prochain scrutin européen. Il m’est impossible d’apporter un soutien à ce parti qui une fois au parlement européen porterait, aux côtés de ses alliés populistes, des politiques aux antipodes de mes valeurs.

En votant l’abstention, j’ai voulu également signifier mon profond désaccord avec le principe visant à exclure de l’analyse du résultat du vote les voix des députés de l’extrême droite. Comme tous les députés, ils détiennent leur légitimité des élections législatives de juin 2022. Elus comme moi par une majorité de citoyens de leurs territoires, ils représentent une part de la Nation, une part de ce qu’est notre France contemporaine. Notre démocratie trouve ses fondements dans l’acceptation des résultats d’élections libres et équitables. Défier ces principes est dangereux et il est de notre devoir de Parlementaires d’être les gardiens de ces fondements de notre démocratie.

Enfin, il nous était demandé de nous exprimer sur un texte dont nous étions déjà conscients, au moment de son vote, qu’il comportait des éléments faisant planer un sérieux risque d’inconstitutionnalité. En votant l’abstention, j’ai marqué ma désolation de voir un texte voté par le Parlement sans que celui-ci ne soit en mesure d’en connaître effectivement le contenu définitif. Le Conseil constitutionnel censurera probablement de nombreux passages écrits dans la précipitation.

Je retiens de cette séquence une grande violence, autant par l’extrémisme des prises de paroles des oppositions que par la dérive prise par notre rapport à l’immigration, en contradiction avec l’idée que je me fais d’une France rayonnante, généreuse et humaniste.

Article publié le 21 décembre 2023