Masques jetables ?


Depuis plusieurs mois, la France, comme un très grand nombre d’autres pays, fait face à la crise provoquée par la COVID-19. Pour contenir l’épidémie, différents dispositifs sanitaires préconisés par les autorités ont été adoptés, dont les équipements de protection individuelle comme les masques. Leur utilisation est massive. Depuis plusieurs semaines ils sont obligatoires dans les transports en commun et exigés dans la plupart des commerces.

Conséquence de cette utilisation par un très grand nombre de français, des masques se retrouvent là où ils ne devraient pas, abandonnés dans l’espace public par des utilisateurs peu soucieux des conséquences de leur geste. Depuis quelques semaines les images de cette nouvelle forme de pollution se multiplient. Au-delà des vies humaines et de l’économie, la COVID-19 impacte également notre environnement. Aucun espace n’échappe à cette autre conséquence de l’épidémie : des rues, des places, des parkings jusqu’aux plages et aux fonds marins de la Méditerranée.

Cette présence généralisée de masques abandonnés par leurs utilisateurs a relancé le débat sur les plastiques à usage unique quelques semaines seulement après le vote par les assemblées de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.

D’un côté, des associations de protection de l’environnement ont renforcé leur plaidoyer contre les plastiques à usage unique, revigorées par les nouvelles formes de pollution apparues à la faveur de l’épidémie. Face à elles, les intérêts de la plasturgie, d’abord à l’échelle européenne, puis ensuite à l’échelle nationale, ont prétexté l’utilité des équipements sanitaires pour réclamer un moratoire des échéanciers de sortie des plastiques à usage unique.

Se protéger contre le virus est indispensable. Mais, eu égard aux dégâts déjà effectifs et à venir de leur usage massif, on peut se demander si leur substitution par des masques en tissu, lavables et réutilisables ne devrait pas être davantage promue dans le cadre d’une utilisation liée aux activités de la vie quotidienne. Certaines collectivités territoriales ont d’ailleurs distribué des masques en tissu à leur population.

Au regard des comportements inadaptés qui laissent perplexes, la sensibilisation à la gestion des déchets et à leurs conséquences lorsqu’ils sont jetés dans la nature est un autre sujet que démontre la pollution des espaces par les masques plastique à usage unique.

La pollution plastique est un sujet complexe qui, pour être appréhendée dans sa globalité, nécessite de considérer des paramètres de quantité mise sur le marché, d’utilité, de substituabilité, de durée de vie, de tri et de collecte, de recyclabilité, de propriétés chimiques, de vieillissement qui fait passer les macrodéchets à des micro et nano plastiques après fragmentation. Cette complexité du sujet est importante à faire connaître. Elle s’oppose aux raccourcis quelquefois utilisés par les partisans de la généralisation ou de l’interdiction des plastiques.

Article publié le 23 juin 2020